Le contenu de ce texte est inspiré du document de projet FloreS.
En France métropolitaine, jusque dans les années 60, les cueillettes commerciales de plantes sauvages ont représenté un revenu d’appoint pour les familles installées en zone rurale. A partir des années 1970 et au fil des mutations du monde agricole, de plus en plus d’agriculteurs ont délaissé cette activité peu lucrative et considérée comme archaïque. Cependant les cueillettes ont perduré dans les pratiques, notamment grâce à la démarche de certains néo-ruraux sensibles à l’intérêt des savoirs et savoir-faire locaux que renferment les pratiques de cueillette. Ainsi les cueillettes sauvages ont pu s’intégrer dans le cadre de filières artisanales de production de PPAM tout en continuant néanmoins à fournir en matière première le secteur industriel.
Les pouvoirs publics et les gestionnaires des territoires ont longtemps ignoré cette économie qu’ils estimaient marginale et anecdotique. La Convention sur la Diversité Biologique (CDB), signée en 1992, a entraîné un changement de perspective à cet égard, en mettant l’accent sur l’opportunité que représente la valorisation économique des substances naturelles pour les industries du vivant. Cette valorisation était d’abord pensée pour et dans les pays du Sud. En raison des contraintes juridiques croissantes d’accès aux plantes (liées à la CDB et au Protocole de Nagoya), dues à l’instabilité socio-politique de certains pays fournisseurs, ou encore aux nouvelles exigences des consommateurs en matière de traçabilité et d’équité, les industriels se sont réorientés depuis quelques années vers la Flore sauvage du domaine européen. Cette dernière se trouve désormais au cœur d’une véritable spéculation qui soulève la question de la durabilité et des modes de régulation des cueillettes.